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Le Tissu Epithélial (cours N°4)

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VI) Exemples de Pathologies des Epithéliums

1) Tumeurs épithéliales : les pathologies tumorales secondaires à la cancérisation de cellules épithéliales de revêtement ou glandulaires sont extrêmement fréquentes. On parle d’adénocarcinome lorsque ces tumeurs reproduisent la structure de cellules épithéliales glandulaires. Les adénocarcinomes sont fréquents dans le tube digestif (on les nomme alors selon leur localisation : adénocarcinome gastrique par exemple) et dans des organes comme la glande mammaire et la prostate. Les cancers épithéliaux de l’épiderme appartiennent à deux grandes catégories : les carcinomes spinocellulaires et les carcinomes baso-cellulaires (anciennement regroupés sous le terme d’épithélioma). Les cancers épithéliaux développés au dépend d’épithélium muqueux sont nommés carcinomes épidermoïdes lorsqu’elles dérivent d’épithéliums de revêtement des muqueuses. Les carcinomes sont a distinguer des tumeurs développées au dépend de cellules non épithéliales résidant dans les épithéliums de revêtement ou glandulaires : le mélanome par exemple, le carcinome à cellules de Merckel, ou encore l'histiocytose X (prolifération tumorale des cellules de Langerhans).

a) un exemple de carcinome : le carcinome spinocellulaire 

Il s’agit d’une tumeur fréquente, survenant le plus souvent après 60 ans sur les zones cutanées exposées de manière chronique au soleil. Cette tumeur est formée de petits lobules localisés dans le derme et qui présentent une structure reproduisant celle de l’épiderme. De la périphérie vers le centre de chaque lobule, on observe une assise de cellules analogues à la couche basale épidermique puis plusieurs assises de cellules polyédriques unies par des desmosomes et donc analogue à la couche spino-cellulaire. Dans les formes les plus différenciées on observe une kératinisation centrale avec ou sans persistance des noyaux.

b) un exemple d’adénocarcinome : l’adénocarcinome pancréatique

Dans la catégorie des adénocarcinomes, l'adénocarcinome pancréatique est une pathologie particulièrement redoutable. Il s’agit d'un cancer qui survient le plus souvent chez l’homme entre 40 et 80 ans et qui débute au plan clinique par des douleurs abdominales puis par un ictère ("jaunisse" liée à l’envahissement des voies biliaires). On observe une altération de l’état général (Asthénie, Anorexie, Amaigrissement). Les tumeurs sont opérables dans seulement 15% des cas. La médiane de survie pour les cas inopérables est de 6 mois (soit 50% survivants 6 mois après diagnostic).

Au plan anatomopathologique, on observe la présence de structures canalaires de type canal excréteur, au sein du parenchyme glandulaire. Ces structures infiltrent le tissu pancréatique dans son ensemble, y compris les terminaisons nerveuses sensitives  (d’ou les douleurs souvent intenses).

Des données récentes concernant l’histogénèse de l’adénocarcinome pancréatique ont permis des avancées thérapeutiques. Schématiquement, on a observé que les lésions pré-cancéreuses survenaient par différenciation d’acinus en structures canalaires de type canal excréteur. C’est le stade dit de métaplasie, terme désignant la localisation anormale d’un tissu par ailleurs d'aspect normal (A ne pas confondre avec la dysplasie, terme qui désigne la présence d’un tissu anormal mais n’ayant pas encore les caractéristiques d’un tissu cancéreux).  Dans le développement de l’adénocarcinome pancréatique, le stade de métaplasie serait suivi d’une cancérisation lié à un défaut de contrôle de la prolifération cellulaire. Des travaux récents ont montré que ces 2 phases de l'histogenèse des adénocarcinomes pancréatiques (métaplasie puis cancérisation) sont en partie liés à l'action d'une molécule : l’EGF ("epithelial growth factor"). Implication thérapeutique : un inhibiteur du récepteur à l'EGF a été développé et a montré une efficacité supérieure aux traitements de référence pour l'adénocarcinome pancréatique.

c) le cancer intra-épithélial (cancer in situ) : On parle de cancer intra-épithélial lorsque la tumeur reste strictement intra-épithéliale et ne franchit pas la lame basale. Le cas le plus typique est donné par le cancer in situ de la muqueuse du col utérin. L’évolution naturelle de ce type de cancer est le franchissement de la lame basale et la dissémination métastatique.  Schématiquement, il est admis que dans ce processus, les cellules cancéreuses envoient des signaux pro-inflammatoires aux fibroblastes du chorion sous-jacent qui, en retour, vont synthétiser des métalloprotéases. Les métalloprotéases modifient la composition de la lame basale épithéliale et permettent  la migration des cellules cancéreuses jusqu’au chorion puis dans la lymphe et/ou le sang à travers la paroi des vaisseaux du chorion.

2) brûlures de la peau :

Les brûlures les plus fréquentes sont thermiques mais elles peuvent être également d'origine électrique  ou chimique. Il existe 3 degrés de brûlures.

a)  brûlures du premier degré : on observe une atteinte isolée de la couche cornée de l'épiderme et une guérison rapide après desquamation (exemple : le coup de soleil superficiel).

b) brûlures du deuxième degré : on distingue  2 stades de gravité différente :

       - le stade superficiel, est caractérisé par une destruction de l’épiderme dans son ensemble, à l’exception de la couche basale. On observe la formation d’une bulle qui se résorbe et cicatrise sans séquelles. Ces brûlures sont très douloureuses.

       - le stade profond est caractérisé par la destruction partielle ou totale de la couche basale et de la partie la plus superficielle du derme. La destruction d’une partie des filets nerveux du derme explique le caractère peu douloureux de ces brûlures. Une cicatrisation spontanée reste possible lorsque persistent des îlots de cellules basales. Ces îlots  permettent une repopulation cellulaire centrifuge et/ou centripète. Dans les autres cas une greffe est le plus souvent nécessaire.

 c) brûlures du troisième degré : on observe une destruction totale de l'épiderme et du derme, et l’absence totale de sensibilité résiduelle. La cicatrisation spontanée est impossible et une greffe est indispensable. Pour les grands brûlés, les greffes de peau font actuellement appel à des techniques de thérapie cellulaire et d’ingénierie tissulaire. Ces techniques permettant de reconstituer en parallèle l’épiderme et le derme. Pour ce qui concerne l’épiderme, des prélèvements cutanés en zone saine sont réalisés afin d’isoler et de mettre en culture des cellules souches épithéliales. Après une quinzaine de jours de culture, ces cellules génèrent in vitro un feuillet épidermique complet qui sera greffé.